Outre-tombe, 2020, Installation, inox poli, acier, béton avec pigments noirs, 650 x 75 x 75 cm. 6 photographies en négatif, impression sur dibond, 120 x 60 cm et installation sonore. Triennale Art Public Liège, Cours de la Société Libre d’Émulation, Liège (BE), Ingénieurs et Architectes – DELVAUX : Mateo Herinckx, © Ithier Held

Outre-tombe porte un questionnement sur le progrès au cœur de deux époques : aujourd’hui et les premières années du siècle passé qui menèrent à la Grande Guerre. Maëlle Dufour y explore les traces de leur décadence et des prémices d’espoir. Elle affirme aussi rendre hommage aux éveilleurs de conscience qui font réfléchir au sens de l’évolution humaine. L’installation est composée de plusieurs éléments : un quadrillage au sol jalonne le parcours sur le mode intuitif ; une fusée s’élève dans la cour ; un faisceau d’informations documentent l’histoire de Chameseddine Marzoug et Lihidheb Mohsen, qui s’attachent à rendre une dignité aux dépouilles des migrants morts en Méditerranée. Certes, la fusée s’impose comme la composante forte de l’intervention : « Elle évoque aussi bien les engins spatiaux capables de repousser les limites de notre monde que les missiles militaires ; le progrès est à double tranchant. On peut y glisser la tête pour voir la page de garde d’une édition des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. C’est tout ce qui reste de la bibliothèque de la Société libre d’Emulation incendiée par les troupes allemandes en août 1914. Pour moi, l’inconnu qui a recueilli ce bout de papier voici plus d’un siècle fut, par son geste attentionné de sauvegarde, un marqueur de progrès comme Marzoug ou Mohsen le sont aujourd’hui. »